dimanche 22 février 2009

voyage au pays de l'oubli qui revient

Les jours où je me demande de quoi je suis faite, ce qui me constitue, mes os, mon sang, ma chair, ma peau, ce qui anime les battements de mon cœur … chaque parcelle de ce « moi », oui, les jours où je me demande ce que je suis et d’où je viens, je mets le nez à la fenêtre et, la tête au vent, je me laisse emporter, je me plonge dans la voûte étoilée, me laisse aspirer et, ainsi, j’oublie qui je suis ….
Je traverse les nuages, comme un faisceau de vie qui retournerait à sa source, je pars vers « où je me souviens » …

Je me souviens, quand j’étais toute petite déjà - tout petit on est plus près de ce qu’on est – quand j’étais petite (si petite), tous les soirs, lorsque je cherchais à trouver le sommeil, presque en vain, les yeux mi-clos, au fond du lit tout mon corps s’enfonçait dans une masse géante de coton noir parsemée de milliards d’échos scintillants, comme une pluie infime de diamants. C’était une sensation étrange, comme un grand enveloppement, une sensation sourde, familière et angoissante.
Une lente descente ou une ascension vers un grand rien qui était tout.
Je n’étais jamais sûre que je m’éveillerais le lendemain matin, jamais sûre. Et, chaque nuit, sans la moindre exception, se jouaient en moi les mêmes sensations, les mêmes émotions, tout mon corps tremblait sous les draps pendant que je me laissais partir…
"Allez au dodo" me disait-on "c’est l’heure de dormir."
Que se passait-il donc pendant "l’heure de dormir" ?
Les yeux mi-clos, je me laissais emporter… vers où ?
Alors commençait le voyage, le voyage des éternelles questions … "qui suis-je ?", "qu'est-ce que je fais là ?", "où vais-je ?" ...

Puis, un peu plus tard, il y eu des nuits d’été, dans la chaleur andalouse, des nuits d’eden.
Etre deux ne changeait pas rien aux questions que je me posais, nez pointé vers le ciel étoilé, être deux doublait tout ce mystère.
Comment vivre en se sentant toute petite, si petite, infime, poussière et parcelle d’un je-ne-sais-quoi, une sensation d’infinité ?
Comment vivre sans perdre la raison au son lourd des battements de mes tempes ?
Comment vivre avec ce fracas dans la poitrine ?
Comment vivre dans cette tempête aux frontières des sens ?
Comment vivre sans savoir qui on née et pourquoi on née, là ?
Ouvrir ou fermer les yeux ne changeait rien au vertige des émotions qui parcouraient mon corps.
Se serrer. S’enlacer. Se blottir. Se fondre. S’engloutir. S’unir.
Atteindre le magique.
Ne plus avoir peur.
S’unir, remonter à la source, au point originel, atteindre en soi le point où se lève le soleil.
Laisser jaillir la joie, la joie de l’enfance, lâcher prise, et se laisser déborder, envahir.
La joie pure du coeur de l’enfant sauvage, érotique.
Souvent je refais le voyage au pays de l’oubli qui revient, je me souviens.
Sur le chemin de la voie lactée, même une toute petite poussière d’étoile est une étoile.

A tous ceux qui ont gardé un coeur d'enfant.
A tous ceux qui se reconnaîtront.
A mon pays de coeur.

bien pansé(e)

Par la blessure ouverte
ne peut couler le miel
ceux qui te disent le contraire
sont des marchands
d’entraves.